l’évidence d’une vocation
Il est des passions qui naissent d’une simple phrase. Pour Corinne, il aura suffi que son grand-père exhume le vieux souvenir d’une violoniste rencontrée dans sa jeunesse, pour que l’évidence résonne en elle. Dans une famille de non-mélomanes, ce souhait d’apprendre un instrument réputé difficile est passé d’abord pour une lubie, si ce n’est un caprice. Qui plus est quand la requête émane d’une enfant de 7 ans… Pourtant Corinne s’obstine et réalise effectivement qu’entre l’instrument et elle, la connection est fluide, limpide.
Adolescente, il lui faut faire un choix entre deux passions qui l’animent mais qui demandent beaucoup d’exigence : la danse classique et le violon. Ce sera la musique et la certitude d’en faire une vocation professionnelle. Elle passe par le Conservatoire d’Angers et fait le grand saut dans la vie active pour enseigner aux autres les rudiments du violon. Il y a quelques années, une amie lui parle du projet de Philippe Hui autour de La Philharmonie des 2 mondes. Corinne sera une des premières à faire partie de l’équipage et est fidèle au poste depuis : “Philippe est plus qu’un chef d’orchestre, c’est quelqu’un qui fédère”.
Après 30 ans de carrière, on pourrait se demander si se rajouter du travail n’est pas une volonté de se prouver des choses. Pourtant elle l’assure, son moteur est de ne pas s’enfermer et de sortir des stéréotypes propres à la musique classique. Aller à la rencontre d’un public réticent ou ignorant d’un univers qui semble parfois inaccessible ou réservé à une certaine élite. Corinne en a conscience et savoure d’autant plus ces concerts joués au sein de quartiers défavorisés. Sentir une émotion palpable, toucher ne serait-ce qu’une personne, être en contact direct avec des enfants qui découvrent parfois pour la première fois tel ou tel instrument… Voilà sans doute les raisons qui lui font dire : “quand je me rends à un concert de La Philharmonie ou ailleurs, je n’ai jamais le sentiment d’aller travailler”.