Mathieu, contrebassiste

 

 

“Le plaisir n’est pas sans contraintes”

 

Mathieu tient un discours empreint de sagesse quand il disserte sur la musique. Issu d’une famille de musiciens, il en connaît les différentes facettes, les écueils à éviter, la distance à maintenir parfois, quand le désir de performer prime sur le plaisir. Il fait ses gammes dès l’âge de 4 ans en débutant par le violon, “un péché de jeunesse” plaisante-t-il. À l’adolescence il délaisse cet instrument pour se tourner vers la contrebasse, à la sonorité plus grave et moins conventionnelle. Une sorte de rébellion juvénile qui s’avérera pourtant déterminante pour sa vie d’adulte.

Mathieu décide d’en faire son métier après le Bac seulement, quand sonne l’heure des choix et “ce n’était vraiment pas opter pour la facilité !”. L’enseignement finit peu à peu à s’imposer à lui : “il faut être lucide sur ses compétences, moi c’est le professorat et ce n’est pas par dépit !”. Quand il retrouve ses collègues de La Philharmonie pour jouer face à un public, il tente là-aussi de tirer parti du moindre ressenti négatif : “Le trac se gère, il faut l’avoir, sinon on devient trop sûr de soi et c’est là qu’on se prend les pieds dans le tapis !”.


Pragmatique quant à sa façon de transmettre les valeurs essentielles à ses élèves, il souhaite leur apprendre que le plaisir n’est pas sans contraintes. Mathieu tient effectivement à garder la tête froide sur la notion de perfectionnisme, propre aux musiciens. Plutôt qu’une progression permanente pour exceller,  il parle d’ “évolution” dans la façon de jouer.

Maintenir une certaine indépendance vis-à-vis de son instrument est d’ailleurs primordiale selon lui : “j’ai d’autres passions dans la vie, je pense toujours au moment de la retraite où il faudra raccrocher les tuyaux et les archets !”. Il concède néanmoins que le challenge est là quand il joue au sein de La Philharmonie des 2 mondes, puisque l’enjeu et le public ne sont pas les mêmes : “Nous avons une sorte de mission et de transmission même si ces termes peuvent paraître forts !”.

S’il assure que la musique n’est pas sa passion mais son métier, il en parle pourtant avec emphase : “Quand toutes les conditions sont réunies sur scène, c’est une sorte de plénitude, de jouissance, normalement plus rien ne peut vous atteindre, vous êtes hors-sol, hors-temps, hors d’atteinte !”. Mathieu connaît peut-être la musique mais sa corde sensible n’a pour autant, pas fini de vibrer.